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Le blog de Kensington

blog en cours de construction... collection d'esquisses, croquis et compagnie

2-

Publié le 5 Août 2009 par Kensington

Elle tracait sa route pour aller au rendez vous. Le pas assuré, rapide, dédaigneux. Les regards s’écrasaient sur sa poitrine, roulaient sur son visage, glissaient sur ses fesses. Amoureux, pervers, jaloux, intrigués. Le genre de coup d’œil qui ne rendaient de plaisir qu’à elle. Pas par goût d’être remarquée mais parce qu’elle ne répondrait à aucun. Elle ne succomberait pas. Ne s’indignerait pas de ce que la nature humaine à de plus moche à cacher. Elle s’amuserait juste des mines déçues, des regards hébétés…

 

Jamais vous ne me posséderez comme je vous possède.

 

Ca avait toujours été comme ça. Elle n’avait jamais cherché volontairement la provocation mais pourtant, qu’importe la tenue, le maquillage –elle aurait même pu se raser le crâne, cacher ses formes sous des vêtements informes- elle en serait venue aux mêmes conclusions. Elle n’avait rien à faire des pauvres connards aux yeux chassieux, ni des connasses qui ne cherchaient qu’a la vampiriser pour, ne serait ce qu’une fois, avoir une seule once de son pouvoir d’attraction.

 

Elle n’en etait pas fière mais objectivement, le monde tournait autour d’elle.

 

Elle s'arrêta à l'angle d'une rue, jettant un œil aux boutiques, à la circulation, aux putains de piéton qui traversaient n’importe où puis continua de marcher rapidement. Elle venait de  repérer celui qu’elle voulait voir.

Comme les autres il ne ressemblait  à rien. A moins qu’elle en tout cas. Un gobelet de café acheté pour l’attendre dans le fast-food en arrière plan à la main. L’odeur était écœurante, à dominante de sucre, de noisette et peut être même d’un arome artificiel de cacao. Elle avait toujours eu un odorat développé.

Elle tendit la main. Réticente mais professionnelle. La poignée de main ne s’éternisa pas. Suffisamment longtemps pour qu’elle fut dégoutée par la moiteur de l’autre main. Elle n’aimait pas les civilités mais préfèrait les mains sèches et fermes.

Elle pris congé, satisfaite néanmoins ; la transaction s'était bien déroulée. Elle s' essuya  la main dans une lingette et partit en sens inverse. Dans l’autre, elle maintient le morceau de  bristol bien callé dans la paume.

  ***

Elle avait fait vite pour retrouver la moquette de son bureau et ses vitres épaisse. Elle avait demandé à ce qu’on ne la dérangea pas du reste de la journée, avait fermé la porte a double tour et après avoir jeté un coup d’œil dehors elle avait baissé les stores. Elle était presque dans l’obscurité.

Camille son assistante avait appliqué en fronçant les sourcils sans rien dire. Les directives ne peuvent être discutées. Les rendez vous prévus avaient été annulés sans moufter. Bien sûr elle ne contredît pas Jude mais elle, ne se gênerait pas pour raconter son attitude étrange sur ce brusque changement de programme. Avec force détails. Camille s’était toujours délectée des ragots qu’on colporte d’un bureau à l’autre, de mail en conversations de machine à café.

Jude ne l’avait jamais estimé autrement qu’en petite fouine. Camille n’était qu’une pauvre trentenaire en peine de se construire une petite vie sordide faite de pavillon, de chien, de gosse, d’un mari optionnel qu’elle insupporterait jusqu’au divorce pour enfin pouvoir siffler sur les douloureuses blessures que l’amour infligeait. Une future rengaine sans nul doute. Eventuellemnt elle s’octroierait des vacances à l’étranger, pour souffler dirait elle, histoire de remédier à ses vagues à l’âme. Elle s’enfermerait dans un de ces clubs, là où les cocktails punch-coco sont coupés à l’eau et à volonté. Les animateurs en boucle- sourire agrafé sur le visage et cri de guerre répétitif choieraient son modeste portefeuille. Elle profiterait sûrement d’une excursion dans des pièges à gogo d’où l’on ne ressortait que difficilement sans vierge en plastique ou pendentif en noix de coco pour battre des cils devant l’animateur le plus joueur.

Jude éclata de rire. Ca lui ressemblait si peu de s’emporter toute seule. Elle qui, d’ordinaire, savait rester de glace, ne laissant pas de place au lâcher-prise. Jusqu’où allait son esprit pour éviter l’inévitable ? Etonnante sensation de ne pas se maîtriser.

Elle inspira fort, se massa les tempes pour se reconcentrer.

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